« Quand j’explique les dangers du web à des 14 à 16 ans, je suis étonné de voir qu’ils ne se sentent pas concernés »

Le

par

Julien Moureau, responsable de l’Espace Public Numérique de Verviers

Question – A l’agenda de La Semaine Numérique, vous avez une conférence qui s’intitule « e-maturité, Le monde du numérique s’ouvre à vous ». Cela veut-il dire que le monde numérique n’est peut-être pas ouvert spécialement à tout le monde, comme on pourrait le croire ?

Julien Moureau – Oui, le monde numérique n’est pas connu de tout le monde, en tout cas pas suffisamment bien. Il y a des personnes qui ne connaissent même pas le monde du numérique, qui ne savent pas ce que ça englobe, qui ne connaissent pas les enjeux du numérique.

Vous avez un public traditionnellement peut-être un peu plus âgé, ou vous me disiez parfois précarisé sur le marché de l’emploi.

Oui, on a des personnes qui n’ont pas d’ordinateur et qui souhaite utiliser les ordinateurs parce qu’elles ont des problèmes chez elles, doivent remplir des formulaires à envoyer, des e-mails, doivent communiquer, ou encore des personnes qui ont du matériel mais qui ne savent pas s’en servir, qui ont vraiment besoin d’une aide.
Et donc on est là pour répondre à leurs demandes. C’est vraiment notre spécialité, c’est de réduire la fracture numérique en permettant à tout un chacun d’avoir accès aux ordinateurs. donc on est possible.

Vous devez aussi leur dire qu’elles sont déjà connectées au monde numérique, même sans le savoir.

Oui le numérique, on l’utilise déjà dans notre quotidien depuis déjà pas mal de temps avec la télévision, la télécommande, quand vous passez au téléphone, la voix est numérisée ! Donc le numérique fait partie de votre quotidien, ça fait partie de votre quotidien à l’avenir et il faut s’y plonger, c’est notre message.

Est-ce que vous avez l’impression, au fil des années, qu’il y a une maturité numérique des citoyens qui s’instaure petit à petit? Qu’ils comprennent mieux les enjeux, qu’ils comprennent les démarches administratives ou pas du tout.

Depuis le temps que je travaille ici, j’ai remarqué qu’il y a comme une évolution. Il y a des gens qui au début étaient réfractaires à tout ce qui était technologie et quand on les accompagne, que ces personnes se sentent comprises elles reviennent et nous disent « j’ai réussi à communiquer avec mes petits-enfants », donc j’ai remarqué une évolution positive.

Vous êtes aussi en contact avec des ados, via des sensibilisations en classe. Avez-vous l’impression que ces « digital natives » comprennent bien les enjeux, comprennent bien l’existence d’empreintes numériques ?

Il faut toujours leur expliquer qu’ils laissent des traces sur Internet, qu’ils laissent la trace de leur adresse IP, ce sont des choses qu’ils ignorent.
Au niveau de la technique, au niveau de la pratique, ils ont plus facile parce qu’il y a une intuition qu’ils ont acquise. Je suis moins convaincu qu’il y a une réelle prise de conscience des dangers des réseaux sociaux. Je suis étonné de voir que même avec des classes de quatorze à seize ans, quand on explique les dangers du web, beaucoup ne se sentent pas concernés. Ils savent utiliser le matériel mais ne sont pas toujours en fait des dangers que ça peut impliquer.

« E-maturité : le monde du numérique s’ouvre à vous » : conférence de l’Espace Public Numérique de Verviers : voir les infos ici : EPN de Verviers