« Sur le numérique, on est tous un peu immatures »

Le

par

Thomas Gilson, animateur à Média Animation

Question – Thomas Gilson, vous êtes chargé de projet et animateur multimédia à Media Animation et vous allez, dans le cadre de la semaine numérique, animer plusieurs conférences sur l’e-maturité. En quoi consiste exactement votre conférence-atelier?

Thomas Gilson – Alors, Média Animation insère cette conférence atelier dans le cadre de ses activités de tous les jours, notamment la série « Tous Homo Numericus ». Chaque année, on essaye de se mettre au diapason de la thématique de La Semaine Numérique et nous allons ici parler de cette fameuse maturité numérique et voir avec les participants ce qu’ils en pensent. L’idée, c’est plutôt des ateliers participatifs. On laisse la parole au public pour pouvoir partager nos expériences avec le numérique. Et ces expériences sont souvent bien riches et ont toujours un impact sur nos comportements dans la vie de tous les jours.

Alors l’e-maturité, vous pouvez l’éprouver à chaque fois que vous rencontrez des publics, à chaque fois que vous rencontrez des personnes qui suivent une formation. Avez-vous l’impression que le citoyen est relativement bien armé pour maîtriser son environnement et ses interactions numériques ?

En fait, la thématique est très vaste et souvent peu nuancée. En tout cas, c’est mon ressenti. Nous, on essaye de présenter la maturité numérique comme un ensemble de capacités de comportement qui s’acquiert avec le temps. On est tous quelque part un peu immature et un peu mature. On parle des gens qui ne sont pas nés avec Internet. Ces personnes-là, dont je fais partie, sont quelque part matures face à un ordinateur de bureau. Mais on l’est peut-être moins avec toute la technologie mobile qui est un peu beaucoup plus intuitive. Là, on se rend compte que les jeunes ont une meilleure capacité. A l’inverse, les personnes plus âgées gardent du recul par rapport à ces usages et si cette expérience pouvait profiter aux plus jeunes, ou si l’agilité technique des jeunes pouvait inspirer les seniors, on serait dans un monde parfait. Il ne faut pas spécialement montrer du doigt les jeunes en disant qu’ils sont immatures.

La même réflexion vaut pour les seniors, non ? Parce que effectivement, dans nos partenaires, il y a les espaces publics numériques en Wallonie qui s’adressent à un public composé de personnes âgées. Mais quand on discute avec les animateurs des espaces publics numériques, on se rend compte que ces seniors moins à l’aise sur le numérique, ont la maturité et l’expérience, et comprennent qu’on ne donne pas toutes ses données sur des apps ou des sites internet.

Tout à fait. Alors c’est vrai que l’enjeu, c’est plutôt l’aspect critique. C’est tout notre travail en éducation aux médias. Ce qui est vrai, c’est que les digital natives ne sont pas matures dans tous les domaines. Ils le sont probablement peu par rapport à cette facilité d’usage qu’ils ont avec des technologies mobiles. Mais la seconde phase, c’est une fois qu’on a touché à la technique, on peut prendre du recul. Et c’est là que les adultes ont évidemment leur mot à dire par rapport à des contenus, par rapport à des choix de plateforme, peut-être aussi par rapport à des tâches, à des jeux sur lesquels on joue. Voilà ce regard un peu méta qu’un adulte, évidemment, va pouvoir porter. Et cela ne se fait pas que dans les familles mais aussi dans les cours traditionnels aussi à l’école. Donc je ne suis pas désespéré. C’est juste qu’il y a une question d’étapes pour un individu, qui est de se concentrer d’abord sur des besoins. Donc on apprend de la technique puis il faut acquérir une certaine culture numérique. Pour pouvoir ensuite approcher cet aspect critique des choses et des médias.

Dans vos ateliers, dans vos rencontres, vous dites que vous jouez fort sur l’échange d’expériences. Quels sont les constats qui reviennent le plus souvent et éventuellement les pistes de réflexion à ce niveau-là?

C’est la première étape, c’est d’inviter tous les gens et même les personnes qui ne sont pas toujours à l’aise avec le numérique, à se rendre conscients de leur besoin. Et quelque part, c’est ça la maturité numérique, c’est de vivre correctement, avec ou sans le numérique, en sachant ce qui existe autour de soi. Donc c’est être critique, responsable et conscient. Ce seraient les trois mots clés. Il y a une espèce d’aspect psychologique qui va avec tout ça, qui va d’abord vaincre sa peur du numérique et voir ce qui s’y passe avant de pouvoir avoir un comportement adapté.

>> « E-maturité : conférence – atelier » le 10 octobre à Florzé, le 11 octobre à Namur et le 14 octobre à Wavre >> Infos